Retour dans l'atelier après un séjour trop court à Bamako.
J'ai profité de mon voyage pour continuer une exploration de la technique du bogolan (peinture à l'argile sur coton). J'ai pu m'installer dans un quartier populaire de Bamako à la périphérie de la ville chez Kader Keita. Il m'a permis de travailler sur sa terrasse et dans sa cour. Il faut imaginer une rue sans asphalte, très poussiéreuse, des gosses et du thé en permanence autour de nous, une radio, une chaleur terrible et l'eau au puit. Par contre j'étais complétement libre, personne de me demandant rien. tranquille comme disent les Maliens et je l'étais du matin au soir qui tombe vite là bas. Je voulais utiliser des empreintes de corps et j'ai pu les réaliser sur place avec l'aide d'Estèle, une ivoirienne réfugiée d'Abidjan. Nous avons bien travaillé et rit aussi de nos deux corps enduit de l'argile du Niger. Son empreinte noire ressemble fort à l'empreinte de mon corps blanc. Si ce n'est la gabarit car j'avais le sentiment d'être presque géante en comparaison à coté de son corps de petite fille. Je n'ai pas pu finir mon travail sur place mais je ramène tout ce qu'il faut pour le poursuivre ici face à la Loire. J'espère que tout sera prèt pour mes portes ouvertes d'atelier le 25 et 26 juin 2011.
Pour vous plonger dans l'ambiance de cette expérience, quelques photos...
J'ai participée a un colloque : Une société est elle pensable sans la folie
Samedi 8 janvier, salle Vasse à Nantes.
Une journée de réflexion autour de la notion de folie
Je vous donne en pature la teneur de mon intervention-témoignage
A CôTE DE LA NORME
Essai d’autobiographie
Naissance à Paris en 1958.
Père receveur des postes, mère sans profession.
Trois soeurs, je suis la troisième.
Enfant sensible et introvertie
Scolarité médiocre.
Refuse l’école,
Suit des cours à l’école des beaux arts de Poitiers,
Sur l’insistance de sa mère, passe un bac B.
Entre à l’école des Beaux-arts d’Angers en 1978 et obtient son diplôme en 1984.
Poursuit ses études à Paris I.
Licence et Maîtrise d’arts plastiques
Réussit un DEA à Rennes II. "Le modèle : miroir du peintre"
mention très bien.
Enseigne deux années en collège.
Commence à exposer sa peinture en 1998
Participe à plusieurs résidences à l’étranger : Lituanie, Allemagne..
Réalise sa première commande en 2003 pour le château de Saumur.
Découvre le bogolan au Mali en 2004.
Commence la céramique pendant une résidence à "la Source". Lieu de résidence parrainé par Gérard Garouste.
Débute également des installations en plein air et des bronzes à la cire perdue.
J’allais oublier : a une fille de 14 ans
Voilà le résumé d'une vie et ma biographie escamotée.
Cette vie parait lisse, totalement dépourvue de points d’accroches . A la lire on a l’impression que cette femme se débrouille plutôt bien dans le système scolaire et même dans la vie.
On pourrait parler d’un rattrapage réussi. Ce serait oublier facilement toutes les souffrances et les échecs qui se cachent derrière les mots.
J’ai déjà écrit un texte qui raconte ma première rencontre avec le milieu dit «psy» lorsque j’avais 11 ans. Je ne veux pas revenir là-dessus mais je considère que cette première expérience a été décisive pour ma vocation de peintre.
-La vocation dans mon cas est plutôt vocation par défaut (mon père pour ne citer que lui disait sans ironie que c’était la seule chose que je pouvais faire...)-
Le bac B lui aussi a été un non-choix. Je suis arrivée au moment de l’ouverture de la section. On m’avait refusé l'entrée dans une section arts plastiques -il fallait changer de lycée et mon dossier était tellement mauvais que je n’ai pas été retenue-. Je ne regrette pas ce choix qui m’a obligé, contre ma nature, à me préoccuper des réalités sociales et économiques.
Le diplôme des Beaux-arts a lui aussi son histoire. J’ai dû le repasser deux fois parce que le choix des travaux que je montrais était trop hétéroclite -il est vrai que je tentais assez maladroitement de faire un travail de synthèse entre mon travail d’écriture et mon travail de peinture (grand textes imprimés comme des manifestes, labyrinthes de mots etc...)-
La maîtrise a été également une gageure car j’avais choisi un thème très ambitieux -peinture et simulacres érotiques-
Au final j’ai écrit un petit roman personnel et un recueil de poèmes. J’avais plus ou moins évacué tout le travail universitaire...
Je suppose que l’on m’a donné ma maitrise pour la qualité de l’écriture... un comble !
Seul mon DEA a été une réussite, -premièrement parce que le thème me passionnait et me passionne toujours, -ensuite parce que la relation que j’essayais de mettre en place entre le patient et l’analyste, la relation peintre-modèle, me semble encore aujourd’hui très pertinente. Et si l’on me demande encore de parler de ce travail, je le fait avec beaucoup de plaisir.
J’ai abandonné les études universitaires parce que je me suis rendu compte que cela n’avait pas de finalité, que c’était une réelle fuite devant la vie. Ma seule porte de sortie était l’enseignement dans le cadre de l’université -
Moi, je voulais avant tout et depuis le début, peindre. Il y a quelque chose d’un peu absurde dans cette quête et je me rends bien compte que cette continuelle frustration avait un caractère un peu maladif. Je m’en suis rendu compte avec encore plus d’intensité à ce moment là. Mais il a tout de même fallu l’intervention d'Henriette Smirger, psychanalyste de la cause freudienne, pour me mettre en face de mon désir refoulé, en m’indiquant que la formation qu’il me faudrait pour ma thèse compterait un minimum de sept années d’analyse et autant d’études de textes.Elle m'a fait choisir la peinture, ou plutôt j’ai fui et choisi en même temps, la peinture me semblant à tout prendre plus facile, ce en quoi je me trompais...
C’est justement à ce moment là que j’ai redécouvert la gravure, non pas au sein d’une école, d’une manière scolaire et un peu froide, mais chez Monique Josse qui est devenue une amie et qui m’a prêté son atelier pendant presque un an.
-Maintenant encore j’ai besoin d’alterner entre la gravure et la peinture.
La gravure m’a appris beaucoup de choses, une certaine forme de rigueur,
-Le coté différé du travail augmente la surprise du résultat. Tous les gestes ne sont pas créatifs comme en peinture et l’on passe beaucoup de temps à préparer son travail, mais s’est aussi un plaisir que de savoir attendre et de s’organiser.
Dernièrement j’ai découvert une autre technique « le bogolan» que j’ai pratiqué au Mali et qui est, me semble-t-il, à la frontière entre la peinture, la teinture et la gravure.
J'ai découvert également récemment la terre cuite et la technique du bronze à la cire perdue.
Bien évidement ce trajet a plus à voir avec la norme qu'avec la folie. J'ai l'impression d'être juste à la marge. Dans un seuil de tolérance. Le sentiment d'être marginale.
Dans ma famille d'abord. J'étais celle que l'on excuse. On ne me jugeait pas avec les mêmes critères que mes soeurs. Je pourrais vous raconter pleins d'anecdotes en ce sens. Le jour où ma mère m'a retrouvé de l'autre coté du balcon par exemple et puis le verre de lait : j'ai renversé mon verre de lait pendant des semaines. L'apprentissage de la lecture .... Mon année chez un orthophoniste ... Mes études plus que difficiles.. J'ai eu de la chance.
Je ne sais pas si l'école serait aussi tolérante aujourd'hui devant une enfant qui frise l'insolence et ne travaille pas du tout. Mes études aux Beaux arts, m'ont donné l'illusion d'avoir trouvé une famille. Après la mort de mon père, j'ai eu des liens assez étroits avec le directeur des beaux-arts de l'époque, et ce Jusqu'a sa mort.
Je n'ai pas travaillé beaucoup plus aux beaux arts mais j'avais des facilités. Ma plus grande déception a été de ne pas trouver un mentor, une personne pour qui j'aurai eu de l'admiration et de la tendresse. Même par la suite, à la fac, je n'ai jamais trouvé un seul professeur vraiment passionnant. Je ne parle pas bien sùr de théorie. Là, il y avait tout ce qu'on voulait, mais pour la pratique, c'était terrible. Je me souviendrai toujours d'un prof qui a refusé de me donner des conseils en modelage parce qu'il estimait que c'était dépassé de vouloir travailler d'après modèle. Peut-être aussi étais-je incapable de me plier à une quelconque autorité. J'ai toujours eu du mal avec l'autorité. Ma peinture du corps humain dans une période où peindre était casi tabou ne m'a pas simplifie la tache..
J'ai tenu bon comme on peut le dire d'une direction que l'on garde, coûte que coûte, un rêve que l'on poursuit.
J'ai fait le choix de ne vivre que de ma peinture -maintenant je donne des cours et je fais des stages-. Et j'ai aussi fait le choix de faire une psychothérapie après la naissance de ma fille, pour clarifier mes rapports avec ma famille et ne pas transmettre ce que j'appelle une valise trop lourde....
Dans le milieu de l'art il y a une tolérance plus grande pour ce "hors norme". On trouve même parfois des artistes qui le cultivent. Aujourd'hui j'ai conscience d'être à nouveau à coté de ce que l'on attend de moi.
Je ne m'en plains pas. C'est un choix, celui de vouloir rester dans la recherche. Souvent les gens ne comprennent pas pourquoi je change de style, de médiums, de technique. Ils pensent comme les critiques qu'il faut tracer un sillon, avoir un style.
Dans la mesure où ma peinture suit ma biographie -il est à la mode de parler d'autofiction- Dans mon cas ce n'est pas de la fiction. Je m'appuie réellement sur les éléments de ma vie, même si au bout du compte, je ne cherche pas à raconter mon histoire. Disons que je me crée un vocabulaire, un vocabulaire de signes et de symboles qui sont autant de possibilités de dire, de communiquer. C'est une histoire décantée, transversale. Je ne garde que quelques scories, des cailloux qui jalonnent mon histoire. Ma petite musique unique.
Je n'ai jamais tellement aimé les obligations et celle là comme toutes les autres mais je vous invite tout de même a regarder cette carte de voeux préparée par mes soins et mise en mouvement par l'entreprise V Technologie.
bonne année a tous (pour avoir le mouvement il faut aller sur link)
C'était pendant les portes ouvertes des ateliers de la ville d'Angers le week end du 27 et 28 novembre.
Il a fait un temps de chien pendant tout le week end et nous étions presque étonnées de voir que des visiteurs venaient tout de même nous voir. (portes ouvertes avec Anne Moreau).
A cette occasion j'ai voulu montrer mes nouvelles productions : Les terres cuites.
Cela fait maintenant plus d'un an que je prépare ce travail. J'ai imaginé et-ou lu que dans les cabinets de curiosités il devait y avoir des espèces ou des objets qui ne trouvaient pas immédiatement leur identification et leur identificateur. Elles restaient alors, bloqués dans un purgatoire qui pouvait sans doute prendre la forme d'une pièce pleine de toutes sortes de formes inédites ou étranges. Ces objets ou ces plantes, rapportées des terres lointaines, faute d'être bien étiquetées se retrouvaient à l'index. personas non gratta.Elles ne trouvaient grâce ni devant les collectionneurs, ni devant les scientifiques. Elles restaient dans un sas, une salle désordonnée et poussiéreuse, pour tomber dans l'oubli le plus souvent.
J'imagine alors que je suis la personne qui peut les délivrer de leur anonymats végétatif en leur fabriquant une histoire, un nom, une généalogie et une famille. Pour l'instant le travail est en gestation et je ne sais pas encore tout à fait quelle forme pourra prendre la présentation finale mais je vous montre une préfiguration possible de ce travail. Une mise en bouche...
Si vous avez des objections ou des suggestions donnez les moi. merci
Ce sera nos dernières portes ouvertes dans le lieu car il est promis a la démolition dès le printemps. Dommage mais nous le savions depuis quelques années déjà. La ville d'Angers ne nous proposant pas d'autre local nous avons cherché sur les villes alentours et nous avons trouvé un nouveau local a Murs Erigné.
Nous partons donc vers de nouvelles aventures dans des conditions très avantageuses. Nous voulons faire vivre un atelier collectif de graveurs et pourquoi pas mettre en place des stages d'initiations et des cours hebdomadaires. Les personnes intéressées par les différentes formules peuvent le faire savoir par mail à partir du site, du blog ou du téléphone.
Nous démarrerons nos activités dès le mois de janvier prochain.
Suite a l'invitation de Marc Antoine Mathieu, invité d'honneur du festival de bd Colomier (Toulouse). J'ai participé en direct a la création d'une peinture néo-pariétale.
La réalisation s'est poursuivie sur deux jours les 21 et 22 novembre 2010.
Un groupe de musiciens assurait une ambiance sonore: litho-phone (pierres sonores), flûtes, piano, batterie et la voix magnifique d'une chanteuse accueillaient le public dans le sous-sol d'un parking souterrain vide pour l'occasion. Des bougies créaient un chemin de lumière et nous plongeaient dans l'atmosphère d'une grotte bien actuelle.
Les artistes plasticiens, chacun avec sa spécificité donnaient l'impression de vivre en direct une expérience très particulière, la création d'une oeuvre en temps réel, de sa conception à sa réalisation.
Marc Antoine Mathieu donnait l'impulsion. Il est l'initiateur du projet.
Frédéric Bésian était le natif de Toulouse et l'ex-invité du festival. Nélio était le gaffeur de la bande. David Prudhomme l'autre "spécialiste de l'art pariétal" et moi même, la plasticienne chargée du suivi technique de la réalisation.
Quelques remarques personnelles :
Je sais pour avoir déjà participé à des expériences du même ordre que le temps musical ne s'écoule pas de la même
manière que le temps de la réalisation plastique. Tremper le pinceau en rythme n'a rien d'évident. Le geste suscité par la musique a parfois disparu laissant la place à une autre impulsion qui demande une autre traduction plastique. Ce n'est pas toujours le cas heureusement, parfois les deux concordent dans un moment magique.Le temps semble alors aboli pendant quelques minutes. Cette impression reste fugace le plus souvent mais reste l'émotion qu'elle a produite et qui
persiste bien après le temps de l'écoute. C'est ce que j'appelle le temps de l'après-faire, et c'est aussi celui que je préfère comme dit la chanson.
Je trouve aussi que la tentation est grande de regarder les autres peindre pendant que l'on réfléchit à l'après du geste de la peinture. Pour palier à cela, il faut éviter la réflexion immédiate et plonger dans le corps de la peinture. Être immédiatement dans le faire. Ne plus se regarder mais être. Pleinement.
Je ne sais pas si la fresque est réussie mais elle nous a donné un grand bonheur d'être là, avec, un instant de communion exceptionnel qui sans doute n'avait rien a voir avec un rite chamanique comme en produisent les sociétés primitives, mais qui nous a donner la satisfaction d'être un peu moins "civilisés".
A faire cette peinture, nous étions pour quelques heures dans la peau toute symbolique d'un homme dit pré-historique, un humain très animal somme toute.
Autre chose, ma plus belle expérience de l'art pariétal, je le dois a Pêch-Merle. J'étais descendue pour voir des signes, des bisons, des mammouths ... et je suis restée subjuguée non par la prouesse technique des peintures ou par la beauté des courbes et des couleurs comme à Lascaux mais par cette petite empreinte de pas dans l'argile, la trace fragile d'une toute
jeune fille qui était passée ici avant moi et avait laissé un négatif de sa présence, comme une scorie qui donnerait du poids à tout l'art pariétal. Le conservateur n'était pas surpris que je lui raconte cette histoire et me dit-il, souvent les gens sont au bord des larmes devant cette empreinte.
Depuis ce jour là, j'utilise souvent la trace de mon corps dans ma peinture pariant sur les traces directes de mon absence pour figurer ma présence. Utiliser les restes pour se rappeler du tout.
J'ai participé au festival de Rouillac (Charente). C'est un festival de théatre de rue qui fait la part belle aux arts plastiques ce qui n'est pas si fréquent. j'ai apprécié leur idée de faire participer au montage ce qu'ils appellent des "papys bricoleurs" et qui sont en fait des vrais pros du montage d'expo. Ils sont parfaitement engagés dans le travail de l'artiste et montrent un enthousiasme que l'on ne trouve pas toujours dans des lieux d'expo à priori plus professionnels. L'accueil était chaleureux et les rencontres avec les autres artistes très intéressantes. Ci- jointes des photos du lieu et de mon installation.
"Mes armes secrètes"
j'expose a la galerie 5 avec le collectif Rhyzomes. je montrerai des toiles totalement nouvelles. Des paysages en gammes de gris. Je vous propose le texte écrit pour la circonstance et que vous trouverez dans le petit catalogue de l'exposition.
Cette fois c'est bien fini,
l'installation est en place.
Heureusement que j'ai pu me faire aider par Christian que j'ai nommé mon assistant-mécène.
Je ne suis pas pleinement satisfaite de cette installation que je n'ai pas complètement pu réaliser comme je voulais. C'était une première en plein air et la nature est plus difficile a travailler qu'il lieu clos, avec sa démesure.
Je suis pourtant assez contente de mes lichens teint par mes soins et des armures elles mêmes. Je pense que les photos rendrent assez bien l'ambiance du lieu.