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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 18:58

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Suite a l'invitation de Marc Antoine Mathieu, invité d'honneur du festival de bd Colomier (Toulouse). J'ai participé en direct a la création d'une peinture néo-pariétale.

La réalisation s'est poursuivie sur deux jours les 21 et 22 novembre 2010.

Un groupe de musiciens assurait une ambiance sonore: litho-phone (pierres sonores), flûtes, piano, batterie et la voix magnifique d'une chanteuse accueillaient le public dans le sous-sol d'un parking souterrain vide pour l'occasion. Des bougies créaient un chemin de lumière  et nous plongeaient dans l'atmosphère d'une grotte bien actuelle.

Les artistes plasticiens, chacun avec sa spécificité donnaient l'impression de vivre en direct une expérience très particulière, la création d'une oeuvre en temps réel, de sa conception à sa réalisation. parking 2010 -copie-2

 

Marc Antoine Mathieu donnait l'impulsion. Il est l'initiateur du projet.

Frédéric Bésian était le natif de Toulouse et l'ex-invité du festival. Nélio était le gaffeur de la bande. David Prudhomme l'autre "spécialiste de l'art pariétal" et moi même, la plasticienne chargée du suivi technique de la réalisation.

parking portraits

 

Quelques remarques personnelles :

Je sais pour avoir déjà participé à des expériences du même ordre que le temps musical ne s'écoule pas de la même

manière que le temps de la réalisation plastique. Tremper le pinceau en rythme n'a rien d'évident. Le geste suscité par la musique a parfois disparu laissant la place à une autre impulsion qui demande une autre traduction plastique. Ce n'est pas toujours le cas heureusement, parfois les deux concordent dans un moment magique.Le temps semble alors aboli pendant quelques minutes. Cette impression reste fugace le plus souvent mais reste l'émotion qu'elle a produite et qui

persiste bien après le temps de l'écoute. C'est ce que j'appelle le temps de l'après-faire, et c'est aussi celui que je préfère comme dit la chanson.

Je trouve aussi que la tentation est grande de regarder les autres peindre pendant que l'on réfléchit à l'après du geste de la peinture. Pour palier à cela, il faut éviter la réflexion immédiate et plonger dans le corps de la peinture. Être immédiatement dans le faire. Ne plus se regarder mais être. Pleinement.

Je ne sais pas si la fresque est réussie mais elle nous a donné un grand bonheur d'être là, avec, un instant de communion exceptionnel qui sans doute n'avait rien a voir avec un rite chamanique comme en produisent les sociétés primitives, mais qui nous a donner la satisfaction d'être un peu moins "civilisés".

P1030260.JPG

 A faire cette peinture, nous étions pour quelques heures dans la peau toute symbolique d'un homme dit pré-historique, un humain très animal somme toute.

Autre chose, ma plus belle expérience de l'art pariétal, je le dois a Pêch-Merle. J'étais descendue pour voir des signes, des bisons, des mammouths ... et je suis restée subjuguée non par la prouesse technique des peintures ou par la beauté des courbes et des couleurs comme à Lascaux mais par cette petite empreinte de pas dans l'argile, la trace fragile d'une toute

jeune fille qui était passée ici avant moi et avait laissé un négatif de sa présence, comme une scorie qui donnerait du poids à tout l'art pariétal. Le conservateur n'était pas surpris que je lui raconte cette histoire et me dit-il, souvent les gens sont au bord des larmes devant cette empreinte. 

Depuis ce jour là, j'utilise souvent la trace de mon corps dans ma peinture pariant sur les traces directes de mon absence pour figurer ma présence. Utiliser les restes pour se rappeler du tout.

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